Le jeu d’entreprise : une expérience de management réincarné ?

Article rédigé par Julien Duvivier, formateur et accompagnant Julien Duvivier, formateur et accompagnant, a eu l’occasion de participer à l’animation d’un jeu d’entreprise – ou business game. Mis en place pour les étudiants de deuxième année de Centrale Supélec, il a pu les accompagner dans un séminaire de plusieurs jours en les aidant à découvrir […]

Article rédigé par Julien Duvivier, formateur et accompagnant


Julien Duvivier, formateur et accompagnant, a eu l’occasion de participer à l’animation d’un jeu d’entreprise – ou business game. Mis en place pour les étudiants de deuxième année de Centrale Supélec, il a pu les accompagner dans un séminaire de plusieurs jours en les aidant à découvrir le rôle d’un Comité de Direction. A la suite de ce jeu d’entreprise, Julien a rédigé un article sur le déroulé, le fonctionnement et les suites d’un business game. Découvrez ici la première partie de ses écrits !

Les jeux d’entreprise : un terrain simulé qui donne à penser le réel

Pour la deuxième année consécutive, j‘ai participé en tant que “coach” à la rentrée des deuxième année (2A) de Centrale Supélec. A cette occasion, ces étudiants sont invités à entrer pendant quatre jours dans la peau d’un membre du Comité de Direction d’une entreprise en difficulté. Ce dispositif des Jeux d’entreprise (JE), tel que le conçoit l’école d’ingénieurs, est un pari audacieux : tout en formant ces potentiels futurs dirigeants à la gestion d’entreprise et à la prise de décision par une simulation “grandeur nature”, il s’attache à leur faire découvrir l’importance de porter un regard critique et réflexif sur les processus et les décisions prises, les émotions ressenties, la dynamique collective, etc. C’est précisément le rôle des coachs qui, de concert avec les animateurs — quant à eux concentrés sur le dispositif, la pédagogie et sa théâtralisation — doivent accompagner les équipes et les étudiants dans l’apprentissage de la coopération et de la réflexivité.

Un simulateur d’environnement concurrentiel d’une puissance redoutable

Le logiciel Stratirac, brillamment animé par l’équipe de Sciado Partenaires dans le cadre de ces jeux d’entreprise, plonge chaque étudiant dans la peau d’un cadre dirigeant, membre du comité de direction (CODIR) d’une PME. Au sein d’équipes de sept, en concurrence avec six autres équipes, ils doivent remettre à flot et faire prospérer une entreprise dont l’ancien CODIR vient d’être remercié pour mauvaise gestion.

Même pour ces étudiants dont le parcours scolaire témoigne d’aptitudes cognitives et de capacités d’apprentissage remarquables, l’expérience est déroutante. Outre la compréhension des rouages du logiciel, l’appréhension de leurs rôles spécifiques (1), en passant par la réalité complexe et difficilement lisible de leur environnement concurrentiel, ils découvrent la difficulté de faire équipe, de définir un cap stratégique en cohérence avec les valeurs de chacun.e, de faire des choix éthiques et responsables tout en restant performants… ils sont mis face à ces multiples enjeux en un temps très réduit, dans le cadre d’un jeu qui leur impose une cadence et qui, par les problématiques qu’il pose, les solutions qu’il suggère et le système de récompense qu’il prévoit, façonne un certain regard sur le monde, une certaine vision de l’entreprise, des relations et des rapports de force au travail, du rôle d’un dirigeant, etc.

Au bout de deux jours, même les plus réticents se prennent au jeu tant l’outil est puissant et l’animation pensée pour les amener à se saisir de leur rôle de la manière la plus incarnée possible : aléas divers, réunions avec les actionnaires plus ou moins conciliants et sensibles au projet, négociation avec des responsables syndicaux déterminés, réponses à des propositions de fournisseurs parfois douteux, etc.

Entre compétition et coopération : quel accompagnement ?

Pour des raisons évidentes, il serait antipédagogique de briser l’élan de ces étudiants pris dans le jeu par des interventions les extrayant trop brutalement de cette réalité artificielle. Ils font l’expérience d’un certain pouvoir d’agir, apprennent à incarner un rôle, découvrent que l’entreprise peut aussi être une expérience d’émulation collective, de rencontre avec l’autre et avec des dimensions de leur identité jusque là en sommeil. Pour autant, force est de constater que ce jeu les amène aussi à faire des choix qui entrent en dissonance avec leurs valeurs, à considérer certaines situations (accidents du travail, licenciements, plans de formation, recrutements d’intérimaires, remplacement d’un fournisseur, etc.) d’une manière purement rationnelle, désincarnée, voire cynique. Il les conduit aussi à faire l’expérience d’échecs individuels ou collectifs et peut les amener à forcer une nature introvertie pour se conformer aux prescriptions qu’implique tel ou tel rôle, dans les représentations plus ou moins justes qu’ils en ont (“un DG doit se blinder”, “un commercial est audacieux et extraverti”, etc.).

Au delà des propositions d’inclusion (Photolangage ®, tours de parole, etc.), des ateliers visant à accompagner la dynamique collective et le projet (méthodes agiles, facilitation graphique, travail sur l’organisation, les valeurs, la vision, le storytelling, etc.), le travail du coach consiste également à permettre au groupe et à chacun de porter un regard réflexif et une certaine prise de hauteur sur l’expérience vécue.

Pour découvrir l’article de Julien dans son entièreté et en savoir plus sur la déconstruction de l’expérience et le dérôlement du côté des apprenants, rendez-vous juste ici !

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